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Si les Lamelles d'Or contenaient, pour les initiés, des recommandations précises sur la conduite à tenir dans l'au-delà, elles ne recelaient en revanche, que fort peu d'indications concernant la tradition dont elles étaient issues et dont elles concrétisaient -d'une certaine façon- la finalité.
Pour mieux comprendre ces textes, il convient d'abord d'évoquer l'ensemble du contexte philosophique et religieux qui fut leur berceau.
Après les premières découvertes des lamelles, compte tenu des allusions à l'au-delà et à l'évocation des divinités infernales mentionnées -Dionysos, Perséphône, Hadès... - certains chercheurs pensèrent qu'il s'agissait de textes spécifiquement orphiques. D'autres soulignèrent les ressemblances évidentes avec les
les Mystères de Déméter à Eleusis, ou encore avec l'eschatologie (1Eschatologie:
doctrine traitant de la vie après la mort,
du grec (eschatos) le point ultime,
ce qui est en dernier;
et (logos) Parole, révélation, étude.
) liée aux cultes mystériques de Dionysos. Si aucune de ces propositions n'infirme l'autre, il ne faut cependant pas négliger le lien très important du contenu de ces tablettes avec les enseignements dispensés dans le pythagorisme. Notamment les doctrines concernant la transmigration des âmes, le respect de toute vie, les purifications corporelles et spirituelles,
le végétarisme, le travail sur la mémoire...
Dans les temps qui suivirent les premières découvertes des lamelles en Italie du Sud, l'on pensa même que ces textes trouvaient leurs origines, ou tout au moins avaient un lien privilégié avec les doctrines développées par l'école de Pythagore à Crotone, ou avec les écrits d'Empédocle d'Agrigente.
Mais ce n'était pas le cas. Les découvertes ultérieures de lamelles en Crête et surtout en  Thessalie affirmèrent bien la provenance orphico-bacchique de tout le corpus.

L'axe central autour duquel évoluent les textes des Lamelles est le récit concernant le mythe de Dionysos.
Mais il est utile de rappeller ici que le Dionysos des mystères orphiques n'est pas la divinité orgiastique de
la mythologie classique. A vrai dire, les orphistes possédaient leur propre cosmogonie, leur propre tradition, différente de celle d'Hésiode.
La tradition homérique et hésiodique relève de la religion officielle, sociale, "de la cité"
L'orphisme, en revanche, n'est pas officiel. Il est "hors la cité" .
Et comme le note R.Sorel :
" un courant spirituel qui conteste de l'intérieur la religion des Cités grecques et ses valeurs. Celui qui choisit le genre de vie « orphique » se met de lui-même en marge de la société. L'orphisme réutilise les mythes et les grandes figures religieuses grecs (avant tout Dionysos), pour contester l'ordre établi.
Et si l'on retrouve dans l'orphisme le nom des principales divinités connues, leurs filiations et attributions sont parfois très diffèrentes dans le contexte des mystères dionysiaques.
"

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Pour davantage de précisions sur les Cosmogonies Orphiques et leurs pricipales divinités

  - voir - ou - tableau - .

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ORPHÉE

    Nous ne nous attarderont pas sur le mythe connu d'Orphée allant rechercher Euridyce aux Enfers, excepté pour souligner le caractère initiatique ou chamanique du voyage. Son histoire et son personnage présentent d'ailleurs plusieurs éléments comparables aux techniques chamaniques.
Car comme le souligne M.Eliade :
''Orphée présente également d’autres traits d’un « Grand Chaman » : son art de guérisseur, son amour pour la musique et pour les animaux, ses « charmes » et sa puissance divinatoire. Même son caractère de « héros civilisateur » ne contredit pas la meilleure tradition chamanique : le « premier chaman » n’était-il pas le messager envoyé par Dieu pour défendre l’humanité contre les maladies et la civiliser ?

    Orphée a franchi les portes de l'au delà, il a conversé avec les Puissances Infernales, il a "vu" l'autre monde et en est revenu. Il peut donc témoigner et devenir -sinon un guide- un modèle.

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DIONYSOS

   Le Dionysos Orphique est un jeune dieu, fils de Zeus et de Perséphone.
Il est destiné à devenir le roi des dieux et recevra à l'âge adulte la domination des mondes.
Afin de le soustraire à la jalousie d'Héra, son père le confie à Apollon et aux Courètes qui l'élevèrent dans les forêts du Parnasse. Mais Héra le découvrit et demanda aux Titans de le tuer. Poursuivi, il tenta de leur échapper en se métamorphosant plusieurs fois (en taureau ou en bélier, notamment). Selon certaines sources, l'apparence d'un chevreau fut sa dernière transformation.
Mais les Titans réussissent à l'attirer au moyen de divers objets, osselets, toupie, miroir ..... le tuent et le démenbrent.  Finalement, ils le font bouillir dans un chaudron et le dévorent, en partie cuit, en partie cru. (précisions à propos du miroir)

    Athéna ne peut que sauver son coeur, qui palpite encore. Zeus foudroie les Titans et les précipite dans le Tartare. Et de la suie (quelquefois le sang) qui s'échappe des Titans foudroyés naît la race des hommes.
Zeus fait absorber le coeur à Sémélé, et ainsi renaîtra Dionysos, (le deux fois né).
La mère de Dionysos, Perséphone, entre dans une violente colère et stipule qu'aucun homme,
-reflet vivant du meurtre de son fils- ne puisse accèder au monde divin, et qu'il soit condamné à errer de corps en corps et de tombeaux en tombeaux, comme nous l'avons déjà évoqué.
Cette version de l'hisoire de Dionysos, adoptée et consevée par les Orphistes, est celle du Dionysos Zagreus Crétois ou Phrygien.
Il existe de nombeuses variantes et précisions concernant ce mythe, mais nous en avons décrit la dramaturgie principale.

Voici donc l'être humain, mi-titanique et mi-divin (à cause de la partie divine de Dionysos absorbée par les Titans) condamné à subir le cycle sans fin "d'anxiété et de lourde peine . . .".

C'est ici qu'intervient l'Orphisme et ses Mystères, télétai, dont l'enseignement proposait de rompre le
cycle de l'errance et de la souffrance.
A la fin de la vie, le rituel funéraire permettait à l'initié de s'affranchir des liens du corps, de trouver son chemin dans les enfers, d'être reconnu par les Divinités Infernales, et par le souvenir de ses origines célestes, de ''s'unir à la race bienheureuse" .

 





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